L’assemblée générale 2011 s’est déroulée au centre culturel Louis Aragon de Septèmes les Vallons dans les Bouches du Rhône. La séance est ouverte à 9h30 par le président de l’association, Jacques Pradel, qui accueille les délégués (plus de 50, venus d’un peu partout en France), les représentants d’organisations amies (ARAC, Patrick Deloubiers, président départemental ; FNACA, Raoul Cappi, vice-président national ; 4ACG, Jacques Inrep, Rémi Serres et Georges Treilhou; Ligue des Droits de l’Homme, François Nadiras ; Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui, Monique Chatain) à qui il est demandé d’intervenir librement au cours de nos débats, Tramor Quemeneur chercheur en histoire qui a accepté d’animer un débat, plusieurs écrivains qui pourront exposer leurs œuvres (Djoudi Attoumi, ancien officier de l’ALN, Jacques Inrep, Nicole Jean, Albert Nallet). Il apporte le salut d’autres organisations amies et des adhérents ou membres du bureau qui n’ont pu se déplacer, puis présente les grandes lignes du déroulé de la journée (en annexe). Il remercie le Maire de Septèmes les Vallons et Patrick Magro, premier adjoint et membre de l’ANPNPA, qui nous ont gracieusement laissé la libre disposition du centre Louis Aragon.
Rapport moral. Dans un rapport volontairement critique, estimant que l’activité de l’association s’était développée de façon insuffisante au cours de l’année écoulée, J. Pradel demande que l’AG prenne le temps de discuter les propositions qu’il fera au nom du bureau pour améliorer l’organisation et le fonctionnement.
Organisation : Un bureau de 8 membres et 5 correspondants régionaux (Paris/Ile de France, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, PACA). Le bat blesse à 2 niveaux : 1/ La proportion de femmes reste faible, seulement 3 sur 13 ; 2/ Pour une association nationale, nous ne sommes toujours pas représentés sur l’ensemble du territoire, les 13 (bureau + correspondants) viennent des 5 régions citées ci-dessus. Ceci reflète la réalité de l’implantation (insuffisante) de l’association : 27% des adhérents sont des femmes ; 72% des adhérents vivent dans ces 5 régions.
Fonctionnement : Deux constats négatifs, qu’il est impératif de corriger : 1/ Le bureau ne s’est jamais réuni au complet depuis l’automne dernier ; 2/ Le défaut de communication en interne (entre bureau, correspondants régionaux et adhérents) que nous dénoncions l’an dernier n’a fait que s’aggraver. Il y a un président qui fait le minimum en prétendant tout avoir à faire, alimente mal le site, etc. En conséquence de ces dysfonctionnements, aucune initiative significative au plan national n’a été prise cette année par l’ANPNPA (voir plus bas, bilan d’activité).
Le président propose deux séries de mesures. Premièrement, pour redonner vie au bureau, les réunions ne se doivent pas toutes se tenir à Marseille (comme jusqu’à présent), les déplacements seront remboursés (sans être riches nous avons les moyens de le faire), enfin tout membre du bureau est en droit quand il l’estime nécessaire d’en demander la convocation. Deuxièmement, plutôt que de laisser toute l’activité reposer sur le président et le bureau (en supposant même qu’il fonctionne correctement), définissons des secteurs d’activité à répartir entre membres du bureau et adhérents, de manière à ce que chacun investisse et se responsabilise dans ce qui lui va, et que la responsabilité du fonctionnement général devienne réellement collective. Au nom du bureau, J Pradel suggère les 5 secteurs suivants : 1/ Relations avec autres organisations ; 2/ Relations avec média ; 3/ Gestion du site internet; 4/ Réplique aux factieux, nostalgériques ex-OAS etc ; 5/ Campagne adhésion.
Bilan de notre activité au cours de l’année écoulée : Si nous n’avons pas su prendre d’initiatives au plan national, l’ANPNPA n’en a pas été absente; la réalité est simplement que nous avons répondu lorsque l’on nous a sollicité. C’est par exemple notre participation à la mobilisation initiée par la LDH contre la commémoration du putsch d’Alger de 61, en avril dernier à Nice ; plusieurs appels ou lettres ouvertes adressées à diverses autorités (présidence de la république, ministres, préfets, maires) que nous avons co-signés (AMPROMEVO, Amis de Max Marchand et Mouloud Ferraoun, LDH, Assoss Anciens combattants) pour protester contre le laisser faire des autorités face aux agitations d’ex-OAS reconvertis UMP ou FN. La seule action d’un peu d’ampleur que nous ayons initiée est la manifestation contre la mairie de Marignane qui avait autorisé la remise en place de la stèle à la gloire de tueurs de l’OAS et de l’Algérie française. Il convient de noter que toutes ces actions sont des répliques à des organisations d’ex-OAS et de PN nostalgériques : des actions dirigées contre des agissements passés, mais pas d’initiatives vers l’avant, vers l’avenir, d’initiatives s’adressant à ceux avec qui nous voulons agir ou que nous voulons approcher.
A coté de cela, localement, l’ANPNPA a conduit plusieurs actions au niveau de villes, de départements ou de régions. Plusieurs d’entre nous, individuellement ou à quelques uns, ont ci et là – à Perpignan, Paris, Marseille, Nice et ailleurs – eu l’occasion d’intervenir dans ce sens, tourné vers l’avenir: témoignage dans des écoles, interviews à la radio ou la TV, articles dans la presse, participations à des débats publics, rencontres avec des historiens et des écrivains.
Prenons l’exemple de Marseille : nous sommes en contact régulier avec diverses orgas d’algériens vivant en France (espace franco-algérien, Med’in Marseille ; quartier nord-quartier fort) avec qui nous avons organisé plusieurs manifestations ou débats autour du cessez le feu du 19 mars, du 8 mai 45 et les massacres de Setif /Guelma. Avec ces organisations, et d’autres (dont des partis politiques de gauche), nous avons monté un Collectif Solidarité Maghreb en janvier de cette année, pour soutenir et populariser « les révolutions arabes », la lutte des peuples de la rive sud de la méditerranée contre leurs oligarchies: le CSM se réunit une fois par semaine, et a organisé plus d’une dizaine de manifestations de rue, plusieurs débats publics, des émissions de radio. Ce cadre unitaire s’est encore élargi pour la préparation de la commémoration du 17 octobre 61, avec manif de rue et meeting prévus lundi prochain le 17 octobre 2011, 50 ans après le massacre d’Algériens à Paris.
Pour satisfaisantes qu’elles soient, ces actions locales ne peuvent pas remplacer une activité coordonnée au plan national, et la question reste de passer du local (Perpignan, Marseille ou ailleurs) au national. Notamment avec 2012 et le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie.
Nul doute que cela sera chaud ; les organisations PN d’extrême droite se mobilisent déjà, sur leurs sites, avec un logo (panneau d’interdiction d’aller à 50 kms/h), avec leurs appels à la haine et la revanche ; les occasions ne manqueront pas autour de dates symboliques. Mais il faut aller plus loin que simplement répliquer aux organisations de PN nostalgiques de l’Algérie française. Il s’agira de prendre, nous mêmes et avec d’autres, des initiatives pour commémorer (fêter ?) le cinquantenaire de l’indépendance. Nous avons tenté quelque chose en région PACA, par un courrier adressé à une vingtaine d’organisations amies (associations diverses, anciens combattants, LDH, partis politiques de gauche, etc), où nous disions : « Notre association propose la mise en place d’un collectif pour préparer des initiatives à prendre l’an prochain, à Marseille et en PACA, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Ces initiatives seront à discuter, décider, préparer et tenir en commun, même si dans notre esprit, il devrait s’agir, plutôt que de commémorer la fin de la guerre, de revenir sur l’histoire de la colonisation et de la libération de l’Algérie, d’analyser ensemble son impact sur la société dans laquelle nous vivons et d’œuvrer au rapprochement entre les peuples des deux rives de la Méditerranée. » Peu de retours encore …
En terme de bilan, impact encore trop modeste, mais pas totalement négatif. L’ANPNPA commence à être connue (en France et en Algérie), elle prend sa place dans un réseau d’associations amies, elle est régulièrement contactée par des journalistes et des historiens, etc. Restent des insuffisances notables :
– Une organisation trop centralisée qui nuit au fonctionnement,
– Des adhésions en nombre insuffisant,
– Si nous avons tenu la route pour contrer les nostalgiques et les factieux de l’OAS, rien de très significatif vers l’Algérie et le peuple algérien.
Reste du pain sur la planche, avec 2012 notamment.
Le président termine son intervention en annonçant le débat à venir sur l’orientation ; débat nécessaire, d’abord parce que plusieurs adhérents le demandent, mais aussi parce que cela conditionne notre activité et l’audience que nous pouvons gagner, notamment auprès de PNs qui hésitent à nous rejoindre.
Le rapport financier est présenté par notre trésorière Michelle Ballanger. Les comptes ont été arrêtés après examen par les deux commissaires aux comptes, Joseph Marco et Pierre Pradel. Seule la région PACA nous a accordé une subvention en 2010 (1500€). Pour 2011, nous attendons la notification des subventions qui seront accordées par le Conseil Général des Bouches-du-Rhône et par le Conseil Régional PACA. Les seules autres recettes de l’association proviennent donc des cotisations et de dons des adhérents. Le bilan financier, établi sans tenir compte des cotisations rentrées récemment ni des frais engagés pour la tenue de l’AG, est le suivant : seulement 50 des 150 adhérents ont à ce jour réglé leurs cotisations 2011, 1000€ ; dons, 475€ ; dépenses, 875€ ; avec les 1500€ du conseil régional, le solde de l’exercice est positif de 2100€, et avec le reliquat de l’exercice 2010, 1675€, le bilan global est à ce jour positif de 3775€.
En dépit des subventions attendues du CG et du CR pour l’exercice 2011, il s’agit donc toujours d’un budget maigre et serré, qu’il conviendra de renforcer par une véritable campagne d’adhésion, mais qui laisse la possibilité d’améliorer et de décentraliser le fonctionnement de l’ANPNPA.
La parole est ensuite donnée à l’assemblée pour discuter des deux rapports, et pour le débat d‘orientation générale. La discussion, particulièrement féconde, a permis d’amender et d’enrichir plusieurs des points évoqués lors des rapports. Dans la mesure où les questions abordées ont été largement reprises durant l’après-midi, lors les échanges avec Tramor Quemeneur et lors des deux autres débats prévus, les conclusions seront données plus bas dans le compte rendu.
Projet de voyage en Algérie avec les 4ACG en 2012. Jacky Malléa pour l’ANPNPA, et Rémi Serres et Georges Treilhou pour 4ACG (http://www.4acg.org/), exposent les objectifs du projet et font un bilan sur la préparation du voyage. Celui-ci est prévu pour le début de l’automne 2012 et comprendra jusqu’à une centaine de personnes. Ont été largement évoqué: la volonté que ce voyage soit un événement qui compte, qu’il permette de communiquer plus largement que seulement avec les anciens moudjahidin, notamment avec la jeunesse (qui et comment ?) ; la difficulté qu’il y aura de rester ‘indépendant’ des autorités (tant algériennes que françaises). De ce point de vue, nos amis algériens présents à l’AG insistent sur tout le tact qu’il conviendra d’avoir pour réussir le projet, l’impossibilité de le faire sans l’aval des officiels, notamment des autorités locales.
L’apéritif et le repas (couscous) sont pris vers 13h30, au soleil sur l’esplanade devant le centre Louis Aragon.
La séance reprend à 15h, avec l’intervention de Tramor Quemeneur. Après une thèse sur les réfractaires à la guerre d’Algérie préparée sous la direction de Benjamin Stora, ce chercheur poursuit toujours dans le groupe de B. Stora ses travaux sur la guerre d’Algérie. Après nous avoir présenté ses recherches actuelles, T. Quemeneur détaille la démarche de l’historien, ses principes et son éthique, la question de l’accès aux archives, la recherche de documents, l’intérêt et la prudence face aux témoignages, etc. Au cours du riche débat qui a suivi, plusieurs participants ont souligné que bien des aspects de notre histoire restent inexplorés: la diversité de pensée et de position politiques des PN; les PN ‘justes’ ; les femmes PN résistantes algériennes.
Les travaux de l’AG se poursuivent, de 16h30 à 19h, avec 2 débats sur la résurgence des négationnistes, ex-OAS et consorts, et sur la préparation du cinquantenaire de l’indépendance ; questions de fait déjà abordées le matin pendant la discussion des rapports.
L’ensemble des discussions de la journée (98 interventions) fait ressortir les points suivants:
1. L’organisation de l’association. Unanimité pour fonctionner par secteurs d’activité, ceux proposés par le bureau, listés ci-dessous avec ceux des présents qui se sont inscrits :
– Relations avec autres organisations: Michelle Ballanger, Germain Serna, Jo Marco, Patrick Candéla et Yvan Donnat
– Relations avec média: Jacky Malléa, Pierre Pradel et Alain Filliard
– Gestion du site internet: Christine Peyret et Bakir Bouhadiba
– Réplique aux factieux, nostalgériques ex-OAS etc: Roger Hillel et Yvan Donnat
– Campagne adhésion: Nicole Jean
Ceux qui souhaitent rejoindre l’un de ces groupes seront bienvenus ! Se signaler auprès de J Pradel (pradel.jacques@wanadoo.fr).
2. 2012, cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. Célébrer plutôt que « fêter » le cinquantenaire de 1962 ; fêter est inapproprié : Pertinent parce que c’est une victoire formidable sur le colonialisme, mais en même temps douloureux, pour nous comme pour tous les pieds noirs, parce que c’est l’exil avec tout son lot de souffrances et l’installation souvent difficile en France.
Nous célébrerons ce cinquantenaire en interaction forte avec toutes les organisations anticoloniales et antiracistes qui le souhaitent. Il conviendra de se manifester dès le début de 2012, pour ‘lancer’ l’année du cinquantenaire, par une initiative nationale.
Jacques Deloubier, président de l’ARAC13, déclare qu’il nous tiendra informé de la préparation des initiatives que son association prendra en 2012.
3. Réplique aux organisations nostalgiques d’extrême droite. Nous sommes relativement rodés à cet exercice (manifs et contre-manifs à Béziers, Aix, Marignane, Nice), mais devons nous vraiment considérer cela comme une préoccupation majeure de l’association ? Ne devrions-nous pas ne pas être seulement en réaction, mais en action ? Ne vaut-il pas mieux contourner plutôt qu’affronter et le faire en recherchant à rassembler le plus possible d’autres organisations ?
Un rassemblement des nostalgériques et le congrès du « cercle algérianiste » se tiendront à Perpignan pendant 3 jours fin janvier 2012, dont la couleur est clairement annoncée ! Au terme de la discussion, introduite par Roger Hillel de Perpignan, il n’est pas souhaité de contre-manifester, mais d’agir en parallèle pour dénoncer le rassemblement, dans l’unité avec d’autres organisations des Pyrénées-Orientales, dans la presse, etc.
4. Réussir des actions tournées vers l’avenir. De nombreux intervenants ont insisté sur la nécessité de porter témoignage sur ce que furent la colonisation et la guerre d’Algérie, notamment auprès de la jeunesse par des interventions dans des écoles, collèges et lycées, et en prenant appui sur les travaux des historiens.
Il convient que l’association contribue au rapprochement et à l’amitié entre les peuples français et algériens, qu’elle agisse en France en interaction avec la diversité des associations de résidents algériens et français d’origine algérienne.
Il est également souhaité de cultiver le contact avec des organisations qui agissent en France dans le même sens que nous: Coup de Soleil, D’Algérie-Djazaïr, France-Algérie, etc.
5. L’orientation générale de l’ANPNPA. Il en est parmi nous qui bloquent sur l’intitulé de l’association, certains sur PN, d’autres sur progressistes. Au delà des mots, les discussions sur le fond révèlent l’accord de tout le monde, sur les objectifs majeurs qui nous ont réunis lors de la création de l’association (témoigner de la réalité du régime colonial imposé à l’Algérie, et dénoncer les organisations nostalgériques; cultiver l’amitié entre les deux peuples, et en France avec les résidents algériens et les binationaux, et œuvrer au renforcement de la coopération entre les deux états). La majorité des intervenants demande à garder « Pieds Noirs Progressistes ».
L’assemblée décide à 19h15 de reconduire le bureau sortant, tout en souhaitant son élargissement par la cooptation de nouveaux membres. Les membres du bureau présents à l’AG se réunissent, et décident la reconduction des président, vice-présidents, trésorière, trésorier adjoint et secrétaire.
Composition du bureau :
Président: Jacques Pradel ; Vice-présidents : Jean-Pierre Gonon et Roger Hillel
Secrétaire : Jacqueline Boggio
Trésorière : Michelle Ballanger ; Trésorier-adjoint : Germain Serna
Correspondants régionaux : Christine Peyret (Auvergne et Rhône-Alpes) ; Jean-Pierre Gonon (Ile de France) ; Jacky Malléa (Languedoc-Roussillon) ; Bakir Bouhadiba et Louis Pradel (Midi-Pyrénées) ; Modeste Alcaraz (PACA-est) ; Yvan Donnat (PACA-ouest)
Clôture de l’AG à 20h.
Annexe : Programme de l’AG du 15 octobre
– 9h30-10h30: Exposé des rapports (moral et financier).
– 10h30-12h : Discussion des rapports et débat d’orientation générale.
– 12h-12h30 : Exposé de Jacky Malléa sur le projet de voyage en Algérie avec les 4ACG en octobre 2012.
– 12h30-14h: Apéritif et kémia préparés par Germain Serna. Repas servi sur place (coucous etc…).
– 14h-15h30: Intervention de Tramor Quemeneur (historien qui travaille avec Benjamin Stora) sur ses recherches sur l’Algérie et la guerre d’indépendance. Débat.
– 15h30-16h45: Discussion sur la résurgence des négationnistes, ex-OAS et consorts, sur les répliques à faire. Introduction par Roger Hillel.
-16h45-18h : Engagement, contribution de l’ANPNPA à la célébration du cinquantenaire de l’indépendance.
– 18h-19h : Renouvellement du bureau.
– 19h: Apéritif et buffet froid. Clôture de l’AG.